Ecole publique Montessori : l'état des lieux en France


Le débat sur l'accessibilité des écoles Montessori est revenu sur le devant de la scène depuis un peu plus de deux ans. En janvier 2016, le Prince George faisait, à  deux ans et demi, sa rentrée dans un jardin d'enfants Montessori du côté de Norfolk. Ce choix royal a une nouvelle fois braqué les projecteurs sur la pédagogie Montessori et sur sa place dans le paysage éducatif. Sommes-nous encore loin de voir des écoles Montessori sur le circuit des établissements publics ?

Montessori dans le public : une dynamique encourageante

Le paradoxe est frappant. Alors que Maria Montessori avait fondé sa première école dans un quartier pauvre de Rome pour donner leur chance aux enfants défavorisés de la capitale italienne, les établissements Montessori d'aujourd'hui sont particulièrement chers, avec des frais de scolarités annuels compris entre 5 000 et 8 500 €, hors repas. Il faut dire que ces écoles ne reçoivent aucune subvention de l'Etat car elles sont hors contrat.

Heureusement, quelques initiatives encourageantes viennent donner de l'espoir aux nombreux parents qui souhaitent accéder à  cette pédagogie sans se ruiner. Trois écoles privées Montessori sous contrat ont vu le jour à  Roubaix, Rennes et Bordeaux. Beaucoup moins onéreuses que leurs aînées, elles matérialisent les efforts de l'Etat dans la reconnaissance des pédagogies qui apportent une réelle valeur ajoutée aux enfants.

Dans cette même dynamique, une classe de maternelle au sein d'une école publique à  Gennevilliers propose aujourd'hui un programme pédagogique inspiré des travaux de Maria Montessori. Enfin, certaines écoles parisiennes, hors contrat, ont lancé une caisse de solidarité pour permettre à  tous les milieux d'accéder à  l'école Montessori.

Multiplication des initiatives et participation du ministère de l'Education Nationale

En attendant l'école publique Montessori, de nombreux enseignants ont pris l'initiative de proposer aux responsables des formations, des activités, ateliers et matières inspirées de la pédagogie Montessori. C'est par l'action de l'enseignant que l'association « Public Montessori » souhaite familiariser parents, élèves et personnel avec cette pédagogie. L'association accompagne chaque année des centaines d'enseignants en leur fournissant du contenu éducatif, des livres, des programmes et surtout des objets Montessori à  titre gracieux.

Les enseignants du public qui en font la demande sont pris en charge par les équipes de l'association qui s'assurent de l'adhésion de l'administration. De son côté, l'Association Montessori de France (AMF) note un véritable engouement autour des écoles Montessori qui approchent aujourd'hui de la centaine dans l'Hexagone, dont plus de la moitié fondées après 2010.

Céline Alvarez, auteure et conférencière française, linguiste de formation, a mené une expérience pendant trois ans dans la maternelle publique de Gennevilliers dans le cadre d'un projet pilote avec le ministère de l'Education Nationale. Elle a proposé à  ses jeunes élèves une pédagogie issue des travaux du docteur Montessori tout en les adaptant à  la lumière des neurosciences et de la linguistique française. Elle témoigne : « Chacun trouvait naturellement sa place dans le groupe auquel il apportait harmonieusement sa couleur et son unicité ». Même si les choses avancent lentement, force est de constater que la pédagogie Montessori se fraie un chemin dans le paysage éducatif français, portée par des retours d'expérience concluants. Après tout, les fondateurs de Google, d'Amazon et de Wikipédia sont les « produits » de l'école Montessori.